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Les consommateurs français contraints de réduire leurs achats de produits essentiels, prévient le PDG de Carrefour

Jul 15, 2023Jul 15, 2023

Par Dominique Vidalon

PARIS (Reuters) - Le PDG du distributeur français Carrefour a averti mardi que les prix élevés avaient contraint les consommateurs à réduire massivement leurs dépenses en biens de première nécessité, et a exhorté le gouvernement à retarder l'adoption d'une loi plafonnant les promotions que les détaillants peuvent proposer.

"Nous assistons à un tsunami de non-dépenses en France", a déclaré à la radio Franceinfo le président-directeur général Alexandre Bompard. "Lorsque les produits de première nécessité ne sont plus accessibles, lorsque les gens se retrouvent sans biens essentiels, il faut agir."

Ces commentaires, qui ont fait chuter l'action Carrefour de plus de 4%, constituent la dernière salve d'un jeu de reproches entre le gouvernement français et les détaillants pour savoir qui est responsable de l'augmentation du coût de la vie.

Alors que le choc inflationniste en Europe s'atténue, la France connaît moins de recul des prix que de nombreux pays en raison d'une poussée de l'inflation alimentaire depuis mars après les négociations annuelles sur les prix entre détaillants et producteurs.

Le gouvernement est impatient de faire baisser l'inflation alimentaire - plus de deux fois le taux d'inflation français global de 5,1% en juillet - sur une trajectoire descendante, craignant que des niveaux aussi élevés ne sapent la fragile confiance des consommateurs.

La confiance des ménages est restée stable pour le troisième mois consécutif en août, mais bien en dessous de sa moyenne de longue période, selon une enquête mensuelle de l'agence statistique Insee.

Bompard, qui fait partie des dirigeants français du commerce de détail qui doivent rencontrer mercredi le ministre des Finances Bruno Le Maire pour discuter de la manière de baisser les prix, a déclaré qu'il demanderait un moratoire d'un an sur l'application de la loi, qui devrait entrer en vigueur prochainement. Mars.

La loi dite Descrozaille, votée en mars de cette année, étend aux produits de beauté, d'hygiène et de soins une limite de 34 % sur les promotions que les détaillants peuvent appliquer sur les produits alimentaires.

Bompard, qui a baissé les prix pour reconquérir les consommateurs face à une forte concurrence, a déclaré que si aujourd'hui Carrefour est libre de vendre de la lessive à 60% de réduction, il ne pourra plus le faire lorsque la loi entrera en vigueur.

L'objectif déclaré de la loi était de protéger les petits producteurs lors des négociations de prix avec les détaillants.

Les détaillants comme Carrefour affirment cependant que cela limite leur pouvoir de négociation avec les grands fournisseurs, et Bompard a déclaré mardi que les nouvelles règles ne profitaient qu'aux multinationales mondiales comme Procter & Gamble, Henkel et Unilever.

'SITUATION DE PRIVATION'

"Ils voient leurs marges augmenter alors que les Français sont dans une situation de privation", a déclaré Bompard à Franceinfo. P&G, Unilever et Henkel n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

En mars, Le Maire a obtenu que 75 producteurs de produits alimentaires s'engagent à réduire les prix de centaines de produits, mais un ministre adjoint a déclaré le mois dernier que seulement une quarantaine d'entre eux avaient tenu leur promesse.

Mardi, Le Maire s'est engagé à intensifier la pression sur les détaillants et les producteurs pour accélérer les baisses de prix.

"Nous sommes sur la bonne voie", a-t-il déclaré. "Les prix baissent désormais parce que nous sommes intervenus, parce que nous avons fait pression sur les détaillants et les producteurs et parce que nous continuerons à le faire."

"Je rencontre les détaillants demain et les producteurs après-demain... avec un objectif : accélérer la baisse des prix."

Le Maire a déclaré qu'il leur demanderait d'élargir la gamme de produits sur lesquels les prix peuvent être réduits, et a également déclaré qu'il souhaitait que davantage de producteurs jouent le jeu.

"Il y en a 35 aujourd'hui. Je pense que nous pouvons avoir davantage de producteurs qui nous rejoignent dans cette lutte contre la vie chère", a-t-il déclaré.

(Reportage de Dominique VidalonReportage supplémentaire de Geert de Clercq ; édité par Silvia Aloisi, David Goodman et Conor Humphries)

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